mercredi 29 septembre 2010

Ahmadinejad à l'ONU : un formidable coup de "com’" destiné au monde arabe

"55 % des Egyptiens (et 46 % des Palestiniens des territoires occupés) estiment que le 11 Septembre a été perpétré par les Etats-Unis ou Israël. Seuls 11 % des Jordaniens pensent que ces attentats ont été perpétrés par Al-Qaïda ou des extrémistes islamistes. [...] près d’un Allemand sur quatre considère Washington (23 %) ou Tel-Aviv (1 %) comme l’auteur véritable des attentats. "

Selon le quotidien belge Le Soir, quand le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a donné sa version des attentats terroristes islamistes du 11 septembre devant l'assemblée générale des Nations unies, il s'adressait au monde arabe qui apprécie ce type d'analyse conspirationniste (extraits) :


"Le président iranien s’est permis de mettre en doute le bilan humain des attentats : «Il a été dit que quelque 3.000 personnes ont été tuées le 11 septembre», a-t-il déclaré, avant de remettre en cause la version officielle des attentats. Lorsqu’il a fait sienne l’hypothèse d’un complot américain contre ses propres citoyens, les représentants des Etats-Unis et de l’Union européenne ont immédiatement quitté la salle. [...]

Le président iranien n’en a pas moins réalisé un formidable «coup» de communication à destination du monde arabe et même, dans une mesure moindre, de l’Europe.

Qu’a-t-il dit ? «Certains segments à l’intérieur du gouvernement américain ont orchestré l’attaque afin de rétablir une économie américaine en déclin, (afin d’affermir) sa prise sur le Moyen-Orient et de sauver par ailleurs le régime sioniste.» Ahmadinejad a dit ne pas pouvoir croire à la version officielle d’un «groupe terroriste très complexe et puissant, capable de passer à travers toutes les couches du renseignement et de la sécurité américaine» qui aurait réalisé les attaques.
Bien qu’il s’agisse de pures divagations (2), il faut relever que ces propos seront considérés comme intrinsèquement vrais et courageux par une majorité d’Egyptiens, de Turcs, de Jordaniens et de Palestiniens, un public arabe et/ou musulman qui n’est pas d’emblée acquis à la cause du leader persan, mais qui, face à la tension irano-américaine, entretient des sentiments mitigés.

A l’été 2008, pour le 7e anniversaire des attentats, les instituts de sondage de 17 pays ont regroupé leurs capacités nationales pour mener une enquête auprès d’un peu plus de 16.000 citoyens de Chine, d’Europe, du Moyen-Orient, d ’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine (3). Il en ressort que 55 % des Egyptiens (et 46 % des Palestiniens des territoires occupés) estiment que le 11 Septembre a été perpétré par les Etats-Unis ou Israël. Seuls 11 % des Jordaniens pensent que ces attentats ont été perpétrés par Al-Qaïda ou des extrémistes islamistes.

Ce rejet de la version officielle du 11 Septembre est aussi fort présente en Europe : près d’un Allemand sur quatre considère Washington (23 %) ou Tel-Aviv (1 %) comme l’auteur véritable des attentats. Ce taux est de près de un sur six en Russie, en Ukraine, en Italie.

La thèse du complot est non seulement ancienne et résistante, elle est virale sur le Web où les propos iraniens seront parfois favorablement accueillis et répercutés à nouveau de manière virale : ils vont résonner, ouvrir d’éventuelles fenêtres d’empathie. Cela ressemble à tout sauf à une communication mal contrôlée.

(2) En langue française, on lira par exemple l’excellente contre-enquête menée en mars 2009 par le site Rue 89.
(3) Cf. le site de World Public Opinion.org : «No Consensus On Who was Behind 9/11», septembre 2008.
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