dimanche 12 août 2018

Israël fondé en Angola?


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Angola Again Being Discussed As Possible Haven for Jewish Exiles (6 mai 1934)

Olivier Ipsilantis @ Zahkor Online
Ci-joint un lien en portugais, un extrait du livre d’Esther Mucznik : « A Grande Epopeia dos Judeus no Século XX ». J’en propose une traduction portugais-français. Cet extrait a pour titre «Quando o estado de Israel esteve para ser fundado em Angola» :
Israel Zangwill
Quand l’Organisation juive territorialiste se mit en quête de possibles espaces pour une implantation, l’Angola (plus précisément le Planalto de Benguela) était l’un des projets favoris. Il fut même approuvé par le Sénat portugais en 1913 mais resta sur le papier, ainsi que le rapporte Esther Mucznik dans son livre « La Grande Épopée des Juifs au XXème siècle » (A Grande Epopeia dos Judeus no Século XX). Les quelques remarques en gras sont miennes.

Le septième Congrès sioniste se tient en 1905. Les recherches pour une possible implantation juive se poursuivent. Le projet Ouganda est analysé et repoussé, le territoire attribué aux Juifs étant à peine suffisant pour accueillir vingt mille personnes, un nombre insignifiant en regard des nécessités que pourraient avoir des centaines de milliers de Juifs, principalement russes. Ainsi, le Congrès sioniste dans lequel prédominent les Amants de Sion – parmi lesquels Chaïm Weizmann, l’artisan de la Déclaration Balfour (1917) et futur premier Président de l’État d’Israël – rejette le projet Ouganda. [Il me semble qu’il y a une erreur dans le texte portugais et que « Sionistas de Sião » devrait être remplacé par « Amantes de Sião ».] Pour ces Juifs russes aucune terre ne peut remplacer la terre ancestrale. Par ailleurs, le Congrès sioniste n’est pas unanime. Une importante minorité conduite par l’écrivain Israël Zangwill défend la nécessité immédiate d’un territoire juif autonome, et peu importe l’endroit. Israël Zangwill quitte l’Organisation sioniste mondiale, en 1905, et fonde l’Organisation juive territorialiste dont le siège est à Londres. Avec la Déclaration Balfour qui rendra plus tangible la perspective palestinienne, nombre de ses membres intègreront l’Organisation sioniste mondiale. Mais ce n’est qu’en 1925 que l’Organisation juive territorialiste ayant perdu sa raison d’être sera dissoute.

En 1905, la Palestine n’est encore qu’une possibilité lointaine et l’Organisation juive territorialiste s’efforce de trouver des espaces où organiser une implantation juive. L’Angola est l’un de ces espaces, plus précisément le Planalto de Benguela. L’intérêt de Juifs pour les territoires coloniaux portugais remonte à 1886. Abraham Anahory, notable juif de Lisbonne, avait proposé l’Angola, plus précisément la zone des planaltos (hauts-plateaux), comme destination possible pour une immigration juive d’importance. Dans le Bulletin N.°1 (1912) de la Communauté israélite de Lisbonne qui vient d’être officiellement reconnue par le régime républicain, José Benoliel, écrivain et directeur de ce Bulletin, précise que par l’intermédiaire d’Abraham Anahory, il prendra personnellement contact avec le vicomte d’Ouguela et avec l’Alliance Israélite Universelle afin de « profiter de la prochaine venue du baron de Rothschild à Lisbonne dans l’espoir d’améliorer par sa gracieuse intercession la situation des Israélites portugais qui de certains points de vue laisse beaucoup à désirer » et de « promouvoir la venue au Portugal de groupes d’Israélites russes ou roumains ». Leur destination serait l’Angola. José Benoliel ajoute que pour des raisons qui lui restent inconnues, l’Alliance Israélite Universelle ne soutient pas le projet. […] 
Dans le Bulletin de 1912 dont il vient d’être question, le principal soutien de ce projet, Wolf Terlö (Juif russe né à Odessa en 1877 il s’installera au Portugal), rapporte que cette idée commença à germer en 1905, à Coimbra, alors qu’il travaillait pour la Repartição Central de Agricultura (je préfère laisser cette désignation dans l’original). Il était impliqué dans les projets vinicoles du baron Maurice de Hirsch en Palestine. Il s’était rendu à Bordeaux pour se spécialiser en œnologie, après avoir obtenu un contrat de travail au Portugal. Il tenait un commerce rue São Nicolau, à Lisbonne, pompeusement intitulé Maison de commerce russe (en français dans le texte) où il vendait des vins et des produits chimiques. A Coimbra, il fit connaissance de diverses personnalités de son milieu, parmi lesquelles l’historien Joaquim Mendes dos Remédios qui (je cite Wolf Terlö) « apprenant que j’étais israélite russe s’entretint longuement avec moi au sujet du judaïsme, de la décadence scientifique et financière du Portugal suite à l’expulsion des Juifs, et des avantages qu’il y aurait à les faire revenir dans ce pays ».
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