Ce texte date de 1895. Pour Ignotus (1869-1949), les Juifs avaient "déjà traversé des orages plus dangereux" et que "après tout, il y a lieu d'être fier de faire face à tant de haine". Cette haine qui a mené à la Shoah…
François Fejtö (1909-2008) était un journaliste et historien français d'origine hongroise, spécialiste de l'Europe de l'Est et de l'histoire du communisme:
"Dès février 1895, un publiciste juif très connu, Ignotus (ne serait-ce que pour sa collaboration avec le comte Andrássy, futur ministre des Affaires étrangères de la monarchie, dont il rédigeait les discours politiques), écrivait:François Fejtő, Requiem pour un empire défunt, Editions Perrin Tempus, p.p. 213-214.
Ignotus notait encore comme significatif qu'une autre minorité, les Arméniens, qui cultivaient passionnément - contrairement aux juifs assimilés - leurs traditions nationales et s'intéressaient au sort de leurs frères de race qui subissaient le joug turc, n'étaient pas qualifiés d'antipatriotiques ni d'apatrides. Deux Arméniens occupèrent successivement le fauteuil de ministre du Commerce, à un moment où la participation des juifs au gouvernement était encore considérée comme impossible.""Les juifs, on n'en parle pas, les non-juifs en parlent encore moins publiquement, et, cependant, la vie politique tourne, aujourd'hui, en Hongrie, autour des juifs. Ce qui signifie contre les juifs. Car, depuis deux mille ans, c'est partout la même façon de s'occuper des juifs. Si, malgré cela, les juifs ne réagissent pas, cela s'explique sans doute par le fait qu'ils ont déjà traversé des orages plus dangereux et qu'ils ne peuvent considérer leurs ennemis comme justes, et eux-mêmes coupables. Et, après tout, il y a lieu d'être fier de faire face à tant de haine."
Ignotus (Hugó Veigelsberg)
Article d'Ignotus, dans le numéro du 13 février 1895 de la revue A Hét (La Semaine).
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