Élisabeth Lévy, directrice de la rédaction du magazine
Causeur:
"Quel est votre lien avec Israël?
"Dans «Soumission» de Houellebecq, un personnage a cette phrase alors que sa jeune compagne fait son alyah pour échapper à l’islamisation de la France: «Pour moi, il n’y a pas d’Israël.» Eh bien pour moi il y en a un, c’est-à-dire un pays qui me délivrerait un passeport sur la simple présentation de l’acte de mariage de mes parents. Comprenez-moi: je n’ai nullement l’intention de faire mon alyah, mais posséder un refuge fantasmatique n’est pas rien. De plus, c’est le signe que dans un monde post-national et post-tout, ce pays conserve un lien particulier avec l’Histoire. Par ailleurs je préfère les récits de juifs victorieux, comme celui d’Israël, à ceux des juifs persécutés. L’identité juive n’est pas seulement faite de malheurs et de persécutions, et c’est bien sûr vrai dans la France d’aujourd’hui. Enfin, j’aime le foutoir idéologique et spirituel israélien…" (@ Actualité Juive)
Le rapport/lien d'Elisabeth Levy à Israël -"posséder un refuge fantasmatique n’est pas rien"- est à mettre en parallèle avec celui du philosophe
Sir Isaiah Berlin (1909-1997) pour lequel l'existence d'Israël est pour les juifs "un prodigieux acte de restitution psychologique: le fait d'être décolonisé":
"Pensez-vous que la fondation de l'État d'Israël a résolu le problème juif?
"Pour les Juifs pris en tant qu'individus, non. Pas le problème personnel mais le problème politique, oui. Les Israéliens n'ont pas de problème existentiel. Il existe à coup sûr d'autres problèmes auxquels ils sont confrontés, et des problèmes sérieux, mais ils se sentent tout à fait bien dans leur peau. C'est cela que je veux dire. Ils ont payé le prix, mais le résultat semble en valoir la peine. Même les Juifs américains qui ont soutenu Israël se sentent moins étrangers aux Etats-Unis que dans les années trente.
"De la même manière que les Grecs ont la Grèce, les Allemands l'Allemagne, les Juifs ont une patrie en Palestine, à Jérusalem. Sur un plan psychologique, c'est une patrie de substitution. Les Juifs d'origine polonaise ne sentent pas leurs racines en Pologne. Si les Juifs ne possèdent pas de racines géographiques réelles, en imaginer d'autres les a rendus heureux, grâce à un prodigieux acte de restitution psychologique: le fait d'être décolonisé."
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