Les commentateurs contemporains pensent que les campagnes de boycott de personnalités israéliennes dans des universités européennes est un phénomène récent. Or Wolfgang Kraushaar dans son ouvrage Die Bombe im Jüdischen Gemeindehaus, publié en 2005, démontre le contraire. Manfred Gerstenfeld a lu le livre et évoque ce sujet dans un article publié en 2006.
Wolfgang Kraushaar consacre un chapitre entier aux vexations que le premier ambassadeur d'Israël en Allemagne, Asher Ben Nathan [photo] a dû subir notamment dans les universités du pays.
En juin 1969 il était chahuté à l'Université de Francfort par les membres du groupe d'étudiants de gauche SDS, des Palestiniens et des Israéliens de gauche (Matzpen).
Deux jours plus tard, l'ambassadeur Ben Nathan n'a pas pu terminer son discours à l'Université de Hambourg en raison de nombreuses interruptions. Quand il a voulu, toujours en septembre de la même année, donner une conférence à Berlin, on l'en dissuada en raison du climat très hostile envers Israël qui régnait dans les deux grandes universités berlinoises (la Freie et la Technische).
Il a ensuite pris la parole lors d'un débat organisé par les jeunes chrétiens-démocrates. Avant la réunion, une publication de gauche attaquait Ben Nathan d'une manière que Kraushaar interprète comme une invitation à perpétrer une tentative d'assassinat contre l'ambassadeur israélien. Une autre conférence à l'Université de Munich en décembre de la même année fut également gravement perturbée. Dans la salle on avait installé une affiche où était écrit: "Ce n'est que lorsque des bombes exploseront dans 50 supermarchés en Israël qu'il y aura la paix".
L'Internationale Solidarität, un groupe formé spécialement pour empêcher que le vice-recteur de l'Université Hébraïque d'aller parler aux étudiants de l'université de Kiel, distribua un tract qui prônait la violence contre les Juifs israéliens: "Schlagt die Zionisten tot, macht den Nahen Osten rot" (Battez les sionistes à mort et faites en sorte que le Proche Orient devienne rouge).
Après son départ de Bonn, Asher Ben Nathan, écrivit un livre sur les lettres qu'il avait reçues pendant qu'il était en poste en Allemagne. Le journal allemand Bild-Zeitung a alors demandé à ses lecteurs des lettres de solidarité envers Israël et l'ambassadeur. Ce dernier reçut alors de nombreuses lettres antisémites, émanant à la fois de gens de gauche et de droite.
Les philosophes de l'école de Francfort ont eu une importante influence formative sur l'idéologie de nombreux étudiants de gauche. L'un de ses membres éminents, Theodor W. Adorno, qui était juif, écrivit en 1969 à son ancien confrère, Herbert Marcuse, dont les œuvres influencèrent la plupart des leaders étudiants de Mai 68. Adorno était très déprimé et craignait que le mouvement étudiant allemand ne bascule dans le fascisme. Il déclara: "Il suffit de regarder leurs yeux glacés de maniaques qui probablement, se basant sur nos travaux, vont retourner leur colère contre nous". Selon Wolfgang Kraushaar, il semble qu'Adorno n'a pas voulu que sa lettre soit rendue publique à l'époque.
Ce site est dédié aux millions d'Européens qui, malgré d'incessantes campagnes de désinformation, ne croient pas que les Juifs ne sont capables que du pire; ne dissimulent pas leur antisémitisme dans le langage de l'antisionisme; et savent qu'Israël représente ce qu'il y a de meilleur dans une démocratie.
1 commentaire :
Le cas du professeur israélien Ronen Cohen, dont le pêché est de travailler au centre universitaire d’Ariel, et qui fut éjecté d’une conférence universitaire à Berlin (il fut réintégré après de très vives protestations)est un exemple de la pérennisation du problème.
En 1936, au début d’une nouvelle vague d’émeutes anti-juives, le dirigeant sioniste Berl Katznelson avait écrit : « nous devons nous protéger non pas seulement des émeutes physiques mais aussi des émeutes spirituelles ».
Aujourd’hui les émeutes spirituelles siègent dans les facultés occidentales.
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