mercredi 16 avril 2008

La Pologne et Israël célèbrent ensemble la mémoire juive

La Pologne et Israël célèbrent ensemble la mémoire juive, Laure Mandeville, Le Figaro

"Comme s'il voulait lui aussi se mettre en deuil, le ciel s'assombrit brusquement, mardi dans la capitale polonaise, quand la voix d'un Kantor juif entonne un antique chant aux morts à la mé­moire des combattants de l'insurrection du ghetto de Varsovie, dont la Pologne célèbre le 65e anniversaire. Les présidents polonais et israélien, Lech Kaczynski et Shimon Pérès, en plein rapprochement diplomatique, évoquent à la tribune l'effroyable tragédie de la Shoah et rendent hommage au courage des insurgés du ghetto, qui furent quelques centaines à se soulever, le 19 avril 1943, et à se battre contre 6 000 soldats nazis dans les décombres en flammes de leur prison à ciel ouvert, pendant trois semaines.

"La majorité d'entre eux sont morts, ils ont perdu, mais du point de vue de l'histoire, il n'y eut jamais plus grande victoire de l'homme sur la bestialité hu­maine", lance, ému, le président israélien. "Les soldats du ghetto n'ont pas lutté pour vaincre, mais pour l'honneur", renchérit son homologue polonais, Lech Kaczynski. (...)

Depuis la fin du commu­nisme, les relations diploma­tiques polono-israéliennes se sont rétablies, jetant les bases d'un rapprochement. Mais, avec le gouvernement actuel, la relation devient intense et stratégique. Le premier ministre Donald Tusk revient à peine d'Israël où il a appelé à un développement des relations culturelles, souhaitant que son pays ne soit pas perçu comme "le cimetière de la nation juive". Tusk a promis de s'occuper de la restitution des biens perdus par les Juifs pendant et après la Seconde Guerre mon­diale, proposant un système de réparations financières.

"Israël est aujourd'hui considéré comme un partenaire émotionnel de la Pologne, il y a des blessures, mais aussi un destin partagé, et l'intention d'un profond rapprochement entre les Juifs et les Polonais", souligne le député européen Bronislaw Geremek. "Nous sommes le pays du génocide, dit de son côté l'intellectuel Adam Michnik, et, de ce point de vue, nous avons une obligation spéciale envers Israël." Les Israéliens ne sont pas moins intéressés. L'atlantisme de Varsovie, sa proximité avec Washington en font un parte­naire potentiel majeur au sein de l'UE."
Photo: Le Kantor Joseph Malovany de New York chante le "El Mole Rachamim"

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