"Nul ne nie la réalité des frustrations et des dommages causés aux Palestiniens par les barrages et la barrière de sécurité (ici, le mur qui entoure Jérusalem). Ce qui choque, dans cet article, c'est le parti pris flagrant de sa démarche accusatrice et diffamatoire. Il serait vain de perdre du temps à réfuter les mensonges et les exagérations (par exemple les 721 km de mur, alors qu'il n'y en a que quelques dizaines, le reste étant constitué par un grillage de sécurité, aussi appelé 'barrière'), qui foisonnent dans ce texte. On ne convaincrait que les convaincus. Je me suis donc contenté de mettre en rouge ce qui est faux et incitateur à la haine et au mépris. Face à cette haine à peine dissimulée, je ne peux que donner ce témoignage personnel. J'ai vécu en Israël de 1971 à 1982. Je puis témoigner qu'alors, la circulation partout en Israël et bien entendu entre Jérusalem et Bethléem ne posait pas de problèmes. Les Israéliens pouvaient se rendre à Bethléem et Ramallah, y faire leurs achats et y boire tranquillement aux terrasses des cafés avec leurs amis palestiniens sans craindre pour leur vie, et les Palestiniens n'avaient aucune difficulté à circuler d'une ville à l'autre et à accéder à Bethléem et Jérusalem. Mais après la seconde Intifada et les massacres incessants commis par les terroristes palestiniens, la barrière et le mur de sécurité sont les seuls moyens qu'a trouvés Israël pour assurer la sécurité de ses citoyens. Chacun sait - et les Palestiniens mieux que quiconque - que dès que des accords bilatéraux seront conclus, il ne s'écoulera pas beaucoup de temps avant que tous ces obstacles à une vie normale soient enlevés (car ils sont amovibles). Le reste n'est que gesticulation haineuse. Honte donc à ce journal catholique qui renoue avec la diabolisation à laquelle son Eglise a pourtant renoncé depuis le Concile Vatican II. (Menahem Macina)."
Dimanche EXPRESS, N° 16 - 20 avril 2008, TEMPS PRESENT, p. 3
"Bethléem, une prison en territoire occupé. Un reportage signé Béatrice Petit
Privés d’eau, de terres et de moyens de subsistance, les Palestiniens de Bethléem étouffent derrière les murs qu’Israël persiste à ériger en toute illégalité. Tandis que sur les collines avoisinantes, de nouvelles colonies juives continuent de restreindre leur territoire. Les chrétiens en sont réduits à quitter la cité natale du Christ.
Bethléem n’est normalement qu’à 20 minutes de Jérusalem mais il faut franchir plusieurs points de contrôle pour y arriver. Des murs infranchissables enserrent insolemment les quartiers de la ville, au prix de destructions, brisant bien plus que la vue, la vie des personnes, des familles et de la société tout entière.
Au détour d’une ruelle, un bâtiment criblé par des tirs d’obus en dessous desquels est inscrit "Love". Ironie ? En face, des plaques de béton hautes de 10 mètres, sur lesquelles des artistes étrangers ont dessiné des escaliers ou des pas s’évadant vers le sommet, comme pour faire rêver de liberté. Installés là depuis 1948, suite à l’expulsion de leurs villages, les réfugiés du camp voisin, privés de tout horizon, ne s’y trompent pas. Ils préfèrent d’ailleurs ne pas voir camoufler aux yeux du monde extérieur l’horreur placée sous leur nez.
Au centre-ville, la basilique de la Nativité est déserte, tout comme les magasins, restaurants ou hôtels, destinés aux pèlerins. Peu attirant de pénétrer dans un ghetto! Du reste la visite des lieux saints effectuée, les tour-opérateurs israéliens incitent les clients à loger dans les colonies ou les terres israéliennes.
"Si cela continue, la chrétienté pourrait disparaître du berceau où elle est née. Non pas pour des questions religieuses - hormis quelques cas isolés -, puisque nous avons vécu pendant des siècles en bonne entente avec les musulmans. Bethléem avait survécu parce qu’elle était restée ouverte au monde, accueillant des pèlerins pendant des siècles. Les pèlerins doivent revenir ici, ils seront en toute sécurité",
insiste Leila Sansour, une chrétienne d’origine palestinienne, rentrée au pays pour fonder l’association "Open Bethléem" (1) et faire découvrir aux délégations internationales la réalité du terrain. Ceux qui feront halte côté palestinien seront d’ailleurs agréablement surpris par la vieille tradition de l’hospitalité, chère aux Arabes.
Le mur commencé en 2004 sépare déjà Bethléem de Jérusalem, la ville sœur, et des villages voisins. Le 9 juillet 2004, l’instance judiciaire des Nations Unies a déclaré la construction illégale et appelé Israël à l’arrêter immédiatement. Mais aujourd’hui encore, les bulldozers continuent impunément de dévaster et d’ériger des barrières de béton à travers les champs d’oliviers palestiniens. Les paysans se voient dépossédés ou privés de l’accès à leurs terres. Sur une colline avoisinante, les salésiens, propriétaires du domaine agricole et viticole de Crémisan, source d’emplois et de revenus pour la population locale, vont voir incessamment une partie de leur propriété passer de l’autre côté du mur et annexée de facto par les autorités israéliennes. Sans autre concertation et en violation de l’avis rendu par la Cour Internationale de Justice, soulignent les religieux.
"Les habitants n’ont plus qu’un seul désir : émigrer pour échapper à une mort lente",
commente le maire palestinien de la ville encerclée. Sans armée, sans emploi ni avenir, les jeunes n’ont que des pierres pour crier leur désespoir. David contre Goliath...
Des religieux écoeurés
"Avec le mur, qui peut franchir – à temps -, les check-points [points de contrôle] pour venir à l’hôpital, assister aux enterrements ou aux mariages ou tout simplement vendre sa récolte ? Aux points de passage, des femmes enceintes ont dû accoucher, des enfants comme des adultes, dont l’état de santé nécessitait des soins urgents sont morts parce que les militaires israéliens les ont délibérément fait attendre. Les punitions collectives, l’homme humilié, enfermé, c’en est trop !", s’exclame, de guerre lasse, une religieuse âgée.
"En été, sous la canicule, nous sommes privés d’eau car elle est pompée ici pour alimenter les collines de l’occupant. Nous devons nous contenter de nos citernes sur les toits. Nous sommes des sans-papiers : il faut sans cesse renouveler les documents."
Découragée de voir l’une de leurs sœurs refoulée à un point de contrôle après 30 ans de résidence sur le territoire et embarquée manu militari, la nuit tombée, dans un bus vers un pays voisin, la religieuse a écrit le 6 mars dernier au délégué apostolique de Jérusalem :
"Israël, avec sa toute puissance d’aujourd’hui, mais également avec sa population au passé tragique, perdrait-il toutes ses valeurs relatives au respect et à la dignité de l’homme ? Si cet Etat ne souhaite plus la présence de religieuses chrétiennes en Terre Sainte, qu’il le fasse publiquement et correctement savoir, mais qu’il cesse immédiatement ces traitements humiliants et non conformes aux droits de la personne." "
(1) www.openbethlehem.org - Courriel : openbethlehem@openbethlehem.org
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