Tuerie au Musée juif de Bruxelles par le Français Mehdi Nemouche |
Selon le plus récent diagnostic présidentiel, la vague d'antisémitisme que connait la France est imputable à l'extrême droite et à une très abstraite "haine d'Israël."(1) La base factuelle de son analyse est l'étude de Fondapol de novembre 2014. Le diagnostic, comme l'étude qui le précède, ne sont pas seulement erronés. Ils masquent le cœur du problème et ne nous approchent pas d'un millimètre des solutions, s'il en existe.
Il y a beaucoup de confusion sur le contenu du terme d'antisémitisme. On range aisément sous la même rubrique le simple préjugé et l'assassinat. Quand on n'oublie pas complètement les auteurs des crimes, comme François Hollande, on accepte aisément l'idée qu'ils sont une minuscule frange d'individus égarés ou déséquilibrés, quasiment isolés, sans attaches idéologiques et logistiques avec les grandes force qui modifient aujourd'hui le visage de la planète. Beaucoup croient aussi, ce sont les paroles du président, que l'État est un protecteur sincère des juifs français et que l'inflexible permanence des politiques publiques antisionistes n'a rien à voir avec eux, avec leur image, ni avec leur sécurité.
Mieux, au nom d'une fausse lutte contre un antisémitisme décontextualisé, il ne reste que des opérations d'intoxication politiciennes destinées à préserver les rentes électorales des partis traditionnels. L'enquête de Fondapol à l'initiative de Dominique Reynier, citée plus haut,(2) est un modèle de ces tartuferies fondées sur l’ambiguïté des termes. L'enquête désigne, chiffres à l'appui, la base sociale du Front National comme principal foyer de l'antisémitisme contemporain. Or, c'est justement de ce coté du spectre politique et sociologique que les risques sont les moindres. Roger Cukierman, qui avait justement qualifié d'"irréprochable" en la matière le comportement de Marine Le Pen a été contraint par les meutes de la parole conforme à manger son chapeau le jour même. Dans les faits, l'enquête de Dominique Reynier est calibrée pour donner une nouvelle jeunesse à l'équation diabolisante FN=fascisme=antisémitisme si appréciée par François Hollande, une trouvaille fameuse de François Mitterrand pour lier les mains de ses adversaires de droite. Comme effet secondaire, elle dissimule les vrais responsables de la montée des passions antisémites inouïes qui sèment désormais la mort dans le Vieux continent. Et faute d'un diagnostic sérieux, comment nommer et traiter le mal ?
Trois antisémitismes bien spécifiques sévissent aujourd'hui en France et en Europe. Après les attentats tout récents de Bruxelles, de Paris et de Copenhague, on ne peut pas comprendre les origines du djihadisme sanglant sans distinguer soigneusement ces trois phénomènes. Suite.
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