mercredi 13 janvier 2010

Décès de Miep Gies, protectrice d'Anne Frank

"Je ne suis pas un héros, affirmait Miep Gies le jour de son centième anniversaire, le 15 février 2009. J'ai seulement fait ce que j'ai pu pour aider."


Miep Gies (Vienne, 15 février 1909 - Westfriesland, 11 janvier 2010)

"Miep Gies, qui avait aidé l'adolescente juive Anne Frank et sa famille à se cacher des nazis pendant la seconde guerre mondiale, est morte, lundi 11 janvier, à l'âge de 100 ans. Elle était la dernière survivante des ces "justes" qui avaient aidé la famille Frank, et elle avait sauvé de la disparition le journal d'Anne Frank, dans lequel l'adolescente a raconté les deux années passées avec sa famille dans une cache." (Le Monde)

Très bel article paru dans The Times:
Miep Gies: Preserver of Anne Frank's diary

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Trois dangers menacent la perpétuation de la mémoire de la Shoah : la négation, la banalisation, et l’instrumentalisation.

Le devoir de mémoire et le travail de mémoire : cette expression s’est popularisée et imposée avec le procès de Klaus Barbie en 1987 et en 1995 avec la parution en français d’un entretien de Primo Lévi traduit par ce titre « le devoir de mémoire », terme qui n’existe pas dans le texte original en italien.

La problématique qui se dégage de l’organisation des processus mémoriels de l’histoire de la Shoah concerne au premier plan l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective.

Le contexte négationniste des années 1980 a exercé une pression considérable sur le cadre social dans lequel s’est inscrite la construction collective d’une mémoire de la Shoah. Une injonction sociale développée à la faveur des procès pour crimes contre l’humanité ou complicité de crime contre l’humanité a appelé les survivants à témoigner à la barre au nom de la vérité. Les douleurs intimes qui nous sont transférées par les œuvres, par les témoins-survivants sont l’expression même d’une transmission, de la mise au travail de notre mémoire.

Le devoir de mémoire est un impératif moral que les survivants des camps se sont engagés à respecter dans l’hypothèse d’une improbable survie. Il s’agit d’un pacte testimonial passé souvent au moment de la mort d’un proche dans le camp pour porter témoignage au nom de tous les déportés des conditions de leur vie dans le camp et des circonstances de leur mise à mort. Ce devoir de mémoire engage les survivants vis-à-vis des disparus.

La mémoire collective est le passage des mémoires individuelles à la mémoire publique, qui est le pendant stable et enraciné de l’opinion publique de nature versatile.

À nous d'intégrer Mme Gies dans ce processus, en reconnaissance de son action.