lundi 12 mars 2012

Le cinéaste irlandais Nicky Larkin détestait Israël mais il a changé d'avis

Traduction d'une tribune publiée dans le Irish Independent [1] hier par Nicky Larkin (Nicky Larkin: Israel is a refuge, but a refuge under siege)

J'avais l'habitude de détester Israël. Je pensais que la gauche avait toujours raison. Plus maintenant. Maintenant, je déteste les terroristes palestiniens. Maintenant, je comprends qu'Israël doit être dur. [...]. Alors, pourquoi ai-je changé si totalement d'avis?

Étrangement, c'est l'incursion d'Israël à Gaza en décembre 2008, qui a provoqué la mort de 1.200 Palestiniens et comparativement seulement de 13 Israéliens, qui a déclenché ma colère contre Israël. J'étais tellement en colère par ce massacre que j'ai posé avec le foulard rayée de l'Organisation de libération de la Palestine pour le catalogue d'une exposition d'art.

Peu de temps après avoir posé avec le foulard de l'OLP, j'ai demandé des fonds au Irish Arts Council pour tourner un film en Israël et en Palestine. Je voulais parler à ces soldats pour contester leurs actions - et interpeller les citoyens israéliens qui les avaient soutenus.

J'ai passé sept semaines dans la région, partageant mon temps de façon égale entre Israël et la Cisjordanie. J'ai commencé en Israël. Les habitants se méfiaient. Nous étions Irlandais - originaires d'un pays qui est l'un des principaux critiques d'Israël - et nous étions des cinéastes. Nous étions l'ennemi.

Puis je suis passé en Cisjordanie. Soudain, être irlandais n'était pas un problème. Des graffitis provocateurs ornaient Le Mur. Bethléem était le Las Vegas des doux dingues de Jésus (Jesus-freaks) - des crucifix en néon ponctués par des affiches de martyrs.  Ces martyrs nous ont poursuivis partout en Cisjordanie.  Où que nous allions, ils nous regardaient collés à des  lampadaires et sur les murs. Comme Jésus sur les images anciennes du Sacré-Coeur.


Mais plus je sentais les regards des martyrs sur moi et plus j'étaiq désorienté. Après tout, le mantra palestinien est la "résistance non-violente". C'était  leur devise, répétée maintes et maintes fois comme les répliques pendant la messe catholique.

Pourtant, lorsque j'ai interviewé Hind Khoury, une ancienne membre du gouvernement palestinien, elle était assise penchée en avant, fâchée elle a refusé de condamner les actions des kamikazes. Elle était toute agression.  Cette agression s'est poursuivie à Hébron, où j'ai vu des croix gammées sur un mur.
Je m'apprêtais à filmer la scène quand un soldat israélien posté sur le toit d'une maison a crié. Quelques mois auparavant, je l'aurais considéré comme mon ennemi politique et je l'aurais ignoré. Mais là je me suis arrêté pour parler. Il ne parlait que de Taybeh, la bière locale palestinienne.


De retour à Tel-Aviv à l'été 2011, j'ai commencé à écouter plus attentivement le côté israélien. Je me souviens d'une conversation dans la rue Shenkin - le quartier le plus branché de Tel-Aviv, une rue où tout le monde a l'air d'avoir fréquenté une université d'art. Sur la terrasse d'un café j'ai interviewé un ancien soldat.

Il parlait lentement de son temps dans la bande de Gaza. Il m'a raconté que 20 adolescents arabes bourrés de pilules d'ecstasy avaient été envoyés en courant vers la  base où il patrouillait. Chacun avait une bombe attachée au corps et un détonateur dans la main.  Les pilules dans la circulation sanguine leur ôtaient toute douleur. Seul un tir dans la tête pouvait les faire tomber.

Des conversations de ce genre sont normales à Tel-Aviv. J'ai commencé à éprouver le même sentiment d'isolement que les Israéliens. Un isolement qui a commencé dans les ghettos de l'Europe et s'est terminé à Auschwitz.

Israël est un refuge - mais un refuge en état de siège, un refuge où une pluie de roquettes tombés du ciel sèment la mort.  Et par un effort d'empathie, de regarder le monde à travers leurs yeux, un nouveau voyage intellectuel commençait pour moi. Un qui ne serait pas bien accueilli dans mon pays.


Les problèmes ont commencé lorsque j'ai décidé de revenir avec un film qui montre les deux faces de la médaille. En fait, il y en a beaucoup plus que deux. C'est pourquoi le titre de mon film est Forty Shades of Grey (Quarante tons de gris). Mais à Dublin on ne veut qu'une face. Les autres cinéastes s'attendaient à me voir revenir avec une attaque contre Israël. Les zones d'ombre ne sont pas acceptables.

Un artiste irlandais est censé signer des boycotts, porter un foulard de l'OLP, et faire des déclarations fortes contre l'occupation. Mais ce ne sont pas seulement les artistes qui sont censés haïr Israël. Etre anti-Israël est censé faire partie de notre identité irlandaise, de la même manière que nous sommes censés en vouloir aux Anglais.

Mais haïr Israël ne fait pas partie de mon identité nationale personnelle. Ni de haïr les Anglais. Je détiens un passeport irlandais, mais nulle part sur ce document est-il écrit que je suis un Républicain ou un Palestinien.

Mon passeport irlandais indique que je suis né en 1983 à Offaly. Lire la suite en cliquant ICI

[1] Le Irish Independent est le quotidien le plus vendu en Irlande. Il a la particularité d'être publié sous deux formes: le tabloïd et le journal. Il se revendique politiquement de droite, catholique et nationaliste.

2 commentaires :

Anonyme a dit…

Mais il est devenu fou !!
C'est tellement plus confortable d'être anti-israelien.

Monique a dit…

Si un peuple se dit pacifiste, alors la notion même de martyr ne peut exister. Si ce peupe vous dit que c'est possible, alors il ment. Les Palestiniens mentent souvent, très souvent : toute leur propagande est basée sur le mensonge constant.