mardi 1 décembre 2009

ONU: John Ging assène des vérités cinglantes contre Israël (presse belge, Baudouin Loos)

"La prison que constitue la bande de Gaza."

"Je ne doute pas de leurs bonnes intentions et l’aide de l’Union européenne, plus gros donateur, est appréciée par la population. Mais il faut aussi une aide financière supplémentaire : l’on ne peut priver ces enfants de futur."



Dans la série "Les Grands Entretiens de Baudouin Loos du quotidien belge Le Soir", celui avec Karen Koning Abuzayd, commissaire générale de l’UNRWA [L'ONU se plaint : il n'y ni miel ni petits gâteaux secs à Gaza], mérite un mention toute spéciale. Celui avec le courageux et très "neutre" John Ging, responsable de l'ONU à Gaza mais qui "sort de ses gonds" à Bruxelles, où il est venu demander à l'Union européenne de nouveaux fonds pour Gaza, est aussi digne de figurer dans les annales du grand journalisme.  Comme sa collègue Karen, Ging se déchaîne contre Israël, pour le plus grand plaisir de l'infatigable Loos. Extraits:

"L’Irlandais John Ging est sorti de l’anonymat durant l’offensive israélienne sur Gaza de l’hiver dernier. Directeur des opérations de l’Unrwa (l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens) pour la bande de Gaza, il avait alors plusieurs fois pris le parti de sortir de son devoir de réserve – et de ses gonds – pour dénoncer les souffrances infligées aux civils palestiniens et les destructions subies par les installations de l’ONU sur place. John Ging est actuellement à Bruxelles pour rencontrer les responsables européens. Et pour pousser un cri d’alarme. [En décembre, il avait déclaré : "La situation à Gaza n'est pas mauvaise. Elle est pire que tout ce que l'on peut imaginer." [...] "Les Palestiniens sont aussi purs que l'eau contenue dans ce verre". Puis après avoir ajouté une goutte de café dans le verre, il ajoute. "Vous voyez, ce verre contient toujours 99% d'eau pure, mais la seule chose que l'on voit c'est une eau trouble".  Source: INTAL]

"Je suis ici pour dire que la bande de Gaza se trouve dans une situation d’urgence, explique-t-il. Les conditions de vie de la population sont devenues insupportables, avec 80 % des gens qui dépendent de l’aide alimentaire des Nations unies. L’économie n’existe plus. Le secteur privé a été dévasté par le siège et la guerre. Les infrastructures en matière d’eau et d’égouttage se sont effondrées, induisant des conséquences écologiques graves. Neuf dixièmes de l’eau consommée se situe sous les niveaux acceptables et d’ailleurs 60% des gens n’ont qu’un accès irrégulier à l’eau. ‘L’accès’ est devenu le mot-clé, le problème à résoudre : accès à l’eau, accès à la nourriture, accès aux matériaux de construction, accès aux frontières."

Le ton de cet avocat de formation demeure toujours neutre. Même lorsqu’il assène les vérités les plus cinglantes. "Mais le plus important réside sans doute dans les dévastations psychologiques que nous observons auprès de la population et singulièrement auprès des 750.000 enfants qui vivent dans la prison que constitue la bande de Gaza. La destruction en cours de la société civile de Gaza ne nous donne guère de temps, il faut agir."

John Ging n’est pas à Bruxelles pour cultiver la langue de bois. "Il y avait 120.000 personnes qui étaient employées dans le secteur privé maintenant anéanti, elles sont maintenant en train de faire la queue pour obtenir un peu de nourriture. Et tout cela en raison de ce siège imposé par Israël et la communauté internationale, c’est-à-dire une politique illégale puisque le droit international humanitaire impose à tous les Etats de protéger les civils en temps de conflit. L’irresponsabilité de certains (une allusion aux tirs de roquettes de factions palestiniennes, NDLR) n’annule pas la responsabilité des autres. Et de toute façon, la charge financière revient finalement à la communauté internationale." [...]

"Je ne doute pas de leurs bonnes intentions et l’aide de l’Union européenne, plus gros donateur, est appréciée par la population. Mais il faut aussi une aide financière supplémentaire : l’on ne peut priver ces enfants de futur."



Gaza. Photo en haut : magasin de jouets, photo ci-dessus : marché couvert - vente de fruits et légumes. (Source: agence de presse palestinienne Palestine Today, mises en ligne le 26/11/2009)

Eclairages :
- Unicef: Les enfants palestiniens en meilleure santé que les autres enfants arabes
- Chez les Palestiniens le statut de réfugié est éternel et transmissible
- Chez les Palestiniens le statut de réfugié est éternel et transmissible, Helana Mota
- The hostages of hatred  

2 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

"Mais le plus important réside sans doute dans les dévastations psychologiques ... ".

Parlons en, justement:

86,6 % des enfants de Sdérot souffrent de troubles post- traumatiques.(PTSD) Huit longues années de bombardements, les abris, la panique, le stress ont modifié le comportement des enfants de manière durable. La nuit ils souffrent d’insomnie et ils ne savent plus jouer, ils restent confinés dans les rares pièces blindées pour ceux qui ont la chance d’en avoir. La vision des blessés et des morts parfois près d’eux a eu un impact direct sur leur capacité à se concentrer, à mémoriser, à étudier. Même les plus grands souffrent d’énurésie et la seule porte de secours pour leur assurer un développement normal reste le suivi psychologique par des spécialistes du comportement infantile. Ces séances longues et coûteuses de psychopathologie sont vitales afin qu’ils ne restent pas marqués à vie et qu’ils retrouvent un équilibre mental.

http://www.sos-sderot.org/enfants.php

Nous ne pouvons pas les abandonner ainsi dans la détresse. Vous pouvez sauver un de ces enfants en prenant part à son traitement. C’est comme lui donner un sang neuf, lui insuffler le goût de vivre, de rire, de jouer, comme vos enfants.

joel a dit…

Plus dans l'esprit des militants du Hamas , une belle série de photos de la vie ordinaire à Gaza .
(âmes sensibles s'abstenir )

http://www.paltoday.com/arabic/News-64297.html