L'intervention israélienne à Gaza est présentée dans les médias comme une opération de représailles menée dans une perspective de "punition collective" sur fond de calculs électoraux. La réalité est bien entedu tout autre, comme le démontre Alexandre Adler dans cette chronique (26.12), reprise du site du Figaro.
"Les bruits de mobilisation israélienne et l'organisation de représailles à Gaza ne doivent pas nous dissimuler la réalité de l'affrontement décisif qui se joue sous nos yeux, et qui n'est autre que le destin de l'État iranien, clef de voûte véritable de tout l'avenir du Moyen-Orient.
Si on regarde bien ce qui est en train de se passer, on sera en fait frappé de ce que la politique de Téhéran vient d'atteindre, ces dernières semaines, le point culminant de son incohérence.
Parvenus là où nous le sommes, il faut bien que l'Iran évolue dans un sens ou dans l'autre, de la coopération avec les États-Unis en Irak à l'affrontement armé avec Israël. Ce choix semble devoir précéder l'élection générale du printemps 2009. Il semblerait même que le président Ahmadinejad ait décidé de préempter cette échéance intérieure par l'organisation délibérée d'une vaste provocation externe.
Ce qui lui permettrait, par là même, d'isoler ses adversaires libéraux en conservateurs pragmatiques qui, pour l'instant semblent portés par une opinion publique très hostile au pouvoir intégriste et très désireuse de changements.
Or l'Iran ne dispose que de deux leviers, aux mains des intégristes : le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. (...)
Or ceux-ci [la fraction extrémiste qui se masse autour du président Ahmadinejad et de son gourou l'ayatollah Yazdi Mezbah], avec le corps des gardiens de la Palestine - les pasdarans - ont encore entre les mains une carte maîtresse, le Hezbollah libanais, dont l'alliance stratégique étroite avec les Frères musulmans palestiniens du Hamas démentit le spectacle d'un affrontement croissant entre sunnites et chiites que renvoie partout la région, depuis l'Irak jusqu'au Pakistan, en passant par l'Arabie saoudite.
Les services secrets iraniens sont d'ailleurs bien présents à Gaza, où ils instruisent notamment les combattants du Hamas à capter la radio militaire israélienne et à comprendre ses messages en hébreu, outre l'aide technique qu'ils fournissent en matière de missiles et d'explosifs.
En précipitant ainsi la bataille, les intégristes jouent très gros, mais ils espèrent aussi gagner un prix énorme.
Le sacrifice des islamistes de Gaza devrait, dans l'esprit de ses instigateurs, tout à la fois vaincre sur le terrain les capitulards chiites de Téhéran et de Bagdad, qui ne rêvent que de dialogue avec Obama, et à déstabiliser pour de bon une Égypte de plus en plus intégriste.
L'impuissance de Moubarak pourrait fragiliser définitivement l'État et faire basculer toute la région vers une sorte de califat."
Le pot de terre contre le pot de fer : 210 morts et 750 blessés à Gaza. Les Palestiniens sont sacrifiés par le Hamas au profit de l’Iran, son principal bailleur de fonds, Khaled Asmar
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