mardi 29 janvier 2008

Lorsque Mearsheimer et les experts de l’école de politique internationale "réaliste" se trompent, par Judeosphere

Le blog Judeosphere a constaté que dernièrement plusieurs éditorialistes avaient réclamé que soit reconnue la "complicité" des analystes qui se sont prononcés en faveur de l’intervention militaire en Irak.

Justin Logan propose même dans le National Interest ce qu’il considère comme une solution pratique: la mise au point d’une méthode d’évaluation de prévisions erronées. En raison de la rapide circulation des nouvelles et de la courte attention qui leur est dispensée, les experts ne sont jamais sanctionnés, prétend-il. Editorialistes et experts pourront en toute impunité avancer n’importe quelles prévisions sur l’évolution de la situation en Irak au cours des prochains six mois, puisque à l’échéance plus personne ne se souviendra de ce qu’ils ont prédit. Qu’ils aient eu tort ou raison n’a donc aucune espèce d’importance. Justin Logan est analyste au Cato Institute, affilié à la Coalition for a Realistic Foreign Policy - John Mearsheimer et Stephen Walt figurent parmi membres fondateurs de celle-ci.

Judeosphere estime qu’il serait opportun que les experts de l’école "réaliste" en matière de politique internationale soient également soumis au test de cette base de données prédictive. Mais dès à présent, on peut se faire une idée de la fiabilité prédictive de certains de ces experts:

John Mearsheimer: le peu de fiabilité des analyses de cet universitaire est si flagrant que s’il avait rempli la fonction d’astrologue royal (bien entendu à une époque temps où les mœurs étaient moins douces que les nôtres) notre expert aurait été décapité. Voyons donc. Paru dans l’Atlantic Monthly en 1990, son essai intitulé "Pourquoi nous raterons bientôt la guerre froide" pronostiquait avec assurance que le déclin de l’Union Soviétique ouvrirait la voie à une nouvelle course aux armements en Europe et que certaines nations - en particulier l’Allemagne - se hâteraient de fabriquer de l’armement nucléaire. Dans un éditorial dans le New York Times paru en 1990, Mearsheimer se disait favorable à la première guerre du golfe et prédisait "une victoire rapide qui réduirait les pertes humaines des deux côtés". (Bilan des victimes irakiennes : 40.000 soldats morts et plus de 140.000 civils tués). En 1993, il déclarait que la dissuasion nucléaire ukrainienne était "inévitable" car l’Ukraine ne restituerait jamais les têtes nucléaires à la Russie. (En 1995, l’Ukraine rendait tout son armement nucléaire à la Russie.) Ensuite, en 1998, Mearsheimer affirmait que le traité de paix conclu au Kosovo était "voué" à l’échec car "ni Albanais ni Serbes ne le respecteraient". (Un après après, Milosevic acceptait de retirer ses troupes du Kosovo, et l’Armée de Libération du Kosovo consentait à désarmer.)

Leon Hadar: Dans son célèbre essai de 1992, "Le Péril Vert", Hadar déclarait que les mouvements islamistes fondamentalistes ne posaient aucun danger à l’Occident. (En matière d'analyse politique on fait rarement mieux!)

Ted Galen Carpenter, Vice-Président de Defense and Foreign Policy Studies au Cato Institute: Cet homme a prédit de si nombreuses guerres qu’il est étonnant que sous l’effet des bombardements nous ne soyons pas retournés à l’âge du bronze. Dans les huit dernières années, il a prévu une prochaine guerre avec la Chine; une prochaine guerre de la Turquie contre la Grèce; la prise de pouvoir par une junte de narcotraficants/marxistes en Colombie; et la guerre avec la Corée du Nord.

Steven Clemons, Senior Fellow à la New America Foundation: En 1998, Clemons prévoyait tout simplement que le Japon serait prochainement frappé par un "tsunami économique" et que celui-ci entraînerait dans son sillage l’Amérique et l’économie mondiale.

Et Judeosphere de conclure: "Et voici, mes amis, ce que valent nos experts "réalistes". N’hésitons pas à soumettre leurs analyses à la "base de données prédictive", afin que tous puissent déterminer objectivement quelle est leur valeur". Instructif, en effet.

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