vendredi 24 avril 2020

"Des élèves de mon collège sont venus me menacer de mort au motif que 'tu es juif, tu tues les Palestiniens'" (Julien Bahloul)


Julien Bahloul, journaliste:
"On me demande parfois pourquoi j’ai décidé de quitter le confort de la France pour m’installer en Israël. J’ai passé toute mon enfance dans un parfait bonheur, dans l’amour de la France, de la République, de son histoire et de ses valeurs. Les passages de mes livres d’histoire sur la Révolution me faisaient rêver. Dès l’âge de huit ans les élections me faisaient vibrer et j’accompagnais mes parents dans l’isoloir avec plus de solennité que lorsque j’allais à la synagogue. Cette France, celle qui m’a vu grandir, s’est brisée un matin d’octobre 2000.

Ce jour-là, des élèves de mon collège sont venus me menacer de mort au motif que "tu es juif, tu tues les Palestiniens". En octobre 2000 j’avais 13 ans, je n’avais jamais mis les pieds en Israël, je ne savais pas ce qu’était un Palestinien et j’étais incapable de montrer le Proche-Orient sur une carte. La principale de l’établissement a refusé de punir les auteurs des menaces, alors même que l’ensemble du corps professoral l’exigeait.

Ce jour-là a commencé à grandir en moi un sentiment de solitude qui ne m’a jamais quitté depuis. Pendant les années qui ont suivi, les attaques antisémites ont atteint un pic historique depuis la Shoah, dans l’indifférence générale. Mon rabbin, connu pour ses positions en faveur du dialogue interreligieux a été tabassé au cri de "vive la Palestine". Des membres de mon mouvement de jeunesse, ouvertement pacifiste, ont été rués de coups au point de finir en sang à l’hôpital au cri de "Bush Sharon assassins". Bien sûr, il y avait ceux qui se mobilisaient: Sarkozy ministre de l’Intérieur en guise de messie, Hollande chef des socialistes bien décidé à montrer sa détermination sur le sujet, le maire de Paris qui exprimait sa solidarité…

Mais aucune de leurs déclarations n’a jamais arrêté la moindre agression. Au lycée, les incidents se multipliaient et il fallait supplier les professeurs et la direction pour qu’ils daignent nous croire, ou, pire, devoir demander à des non-juifs d’aller témoigner des incidents pour que ces déclarations soient jugées crédibles. Le point de rupture a été atteint en 2006. Depuis des années je me disais: "il va y avoir un mort et ça sera la révolution". Le 13 février, Ilan Halimi était torturé et assassiné. Je ne compte plus ceux qui, parmi mes amis, m’ont affirmé: "ce n’est pas un crime antisémite, dire que les Juifs ont de l’argent c’est juste une vérité, même moi je le dis".
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